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LES ÉVASIONS PERDUES STABLACK

LES ÉVASIONS PERDUES STABLACK, L’UNIVERSITÉ DE LA COLLABORATION - Thomas LEGRAND et François WARZALA chez Rue de Sèvres ***

** conseillé     **** indispensable 

Historique - 12 ans et +

Lorsque la France s'effondre en juin 1940, Jacques Leboy se retrouve comme tant d'autres déportés vers l'est sans aucune certitude sur son avenir.

Arrivé au terme de son voyage au camp de Stablack, il est assigné à un segment du stalag 1A peu commun. Cette section dite « aspilag », fruit d'un accord entre les autorités nazies et le gouvernement de Vichy, était en effet destinée à n'accueillir que des aspirants officiers de l'armée française vaincue. Dans ce camp-université, un seul but : former une élite française pour la « nouvelle Europe » après la victoire allemande.

Au gré de sa captivité et de ses tentatives d'évasion, Jacques questionnera tour à tour ses choix politiques et moraux, ainsi que sa foi en la religion et en l'humanité. Jusqu'à pouvoir, près de quarante ans plus tard, raconter ce pan méconnu de l'histoire à son plus jeune fils.

Travail, famille, patrie

Une histoire méconnue

Journaliste politique et chroniqueur pour Libération, RTL et France Inter, Thomas LEGRAND (scénariste de L’histoire de la Ve République) raconte, avec détail et précision, l'histoire de son père, Marcel LEGRAND, détenu durant la Seconde Guerre mondiale pendant cinq ans dans le camp de Stablack en Prusse orientale.

Témoignage inédit, ce coup de projecteur sur l’histoire du stalag I-A de Stablack décrit bien sûr les dures conditions de détention, avec leurs brimades et leurs humiliations, mais aussi la partie méconnue de l'embrigadement idéologique.

Illustrée sobrement par François WARZALA (L’histoire de la Ve République et La trilogie berlinoise), nous découvrons la vie quotidienne du stalag I-A. À travers la narration de la détention de Jacques Leboy (qui est le père de Thomas LEGRAND), sont finement analysés les peurs et espoirs des prisonniers : subir, collaborer ou chercher à s'évader ? Rythmés par les tentatives d’évasion dans un monde où la méfiance est de mise en permanence, entre amitiés, lâchetés et trahisons, les personnages sont tiraillés par leurs choix politiques, religieux et moraux.

La collaboration de Vichy Le plus étonnant est de découvrir, au fur et à mesure du récit, comment ces soldats, qui auraient pu être simplement démobilisés, sont l’objet d’une collaboration du gouvernement de Vichy du maréchal Pétain avec les Allemands.

Ainsi, après avoir laissé l'Allemagne disperser les prisonniers dans des camps dans toute l'Europe, Vichy a activement participé à la mise en place du camp universitaire de Stablak. Camp où le général français Didelet a martelé quotidiennement un discours pro-allemand et collaborationniste aux aspirants détenus : « ma mission est de vous mettre au service des idées du Maréchal [...] qui répondent aux exigences des temps nouveaux [...] ». Stablack est alors défini comme une université d’où sortiront des officiers qui seront la relève pour l'Europe nouvelle dessinée par Hitler. Bien construit et pédagogue, Les évasions perdues est un récit humaniste qui donne à connaitre un angle caché de la collaboration de Vichy avec l’occupant allemand.

Basée sur une documentation précise, cette biographie bénéficie de plus, de documents d'archives en toute fin de l’album. Un livre à lire absolument.

Marc PALLIER

Posté le: News

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